17-11-2011 19:07:43

"On m’appelait Tristan, j’avais un peu moins de trois cents ans"

Dans son dernier roman, "Le journal intime d’un arbre", Didier Van Cauwelaert nous fait vivre une très belle histoire dont le narrateur est un poirier tricentenaire. Etrange ? Non, beau et sensible.
Par Marie Torres

Le titre du roman peut surprendre. Faire penser, parler, écrire un arbre, l’idée semble saugrenue. Cependant, le nom de l’auteur rassure. On se dit que Didier Van Cauwelaert, qui a à son actif quelque 25 ouvrages – dont un Prix Goncourt – traduits en plus de 30 langues, n’a pas pu, subitement, sombrer dans la folie, si douce soit-elle. Ceci étant dit, et en y réfléchissant bien, ce qui nous rassure le plus, c’est notre propre expérience. Car, honnêtement, qui n’a jamais ressenti un sentiment étrange devant la beauté d’un arbre. Devant la sérénité qu’il dégage. De là à penser que cet "être", âgé parfois de plusieurs siècles, a une mémoire et peut nous la transmettre, il n’y a qu’un pas que Didier Van Cauwelaert a franchi avec bonheur.

Dès les premières lignes de son roman, on apprend que l’arbre est à terre, fauché par une mini tornade. Il s’appelait… mais puisqu’il parle, laissons-lui la parole.

"On m’appelait Tristan, j’avais un peu moins de trois cents ans, j’étais l’un des deux poiriers du docteur Lannes. Il m’avait inscrit sur la liste d’attente des Arbres remarquables de France, et avait obtenu ma grâce au tribunal quand les voisins m’avaient poursuivi pour vieillesse dangereuse. J’étais son bien le plus cher, son devoir de mémoire, sa victoire sur le temps. A son âge, ma mort allait certainement le tuer". 

Mais Tristan ne va pas totalement mourir. Il va poursuivre sa vie au travers d’une petite sculpture taillée dans son bois. Au travers, aussi, du livre que Yannis, un critique d’arbres, écrit sur son existence. Et nous allons le suivre, ballottés entre son présent et son passé. Histoire d’amour, Histoire avec un grand H, histoire tout court. Et nous allons enrichir nos connaissances sur son comportement : comment il fabriquait des hormones pour stériliser les punaises ou il augmentait la teneur en tanin de ses feuilles pour empoisonner les chenilles lorsqu’elles en mangeaient trop ou encore comment il pouvait communiquer avec ses congénères… Et cette "biographie" est écrite avec beaucoup de sensibilité et d’humour, aussi.

Le journal intime d’un arbre de Didier Van Cauwelaert - Editions Michel Lafon, 2011



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