Paris - Reportages

Quand la culture adoucit la crise

Marie Torres - 20 janvier 2013
Les chiffres en témoignent, en cette période de crise, les musées ne désemplissent pas et les files d’attente se font de plus en plus longues… La culture ferait-elle office de valeur refuge ?
En arrivant sur le parvis du Centre Pompidou, j’ai senti sa présence. Il devait forcément être là. Certainement perché sur la « chenille » du bâtiment, déclamant avec son inimitable accent « Il y a toujours un moment dans leur vie où les gens s’aperçoivent qu’ils m'adorent » Et pour cause. Depuis le 21 novembre, plus de 200 000 personnes sont venues voir l’exposition qui lui est dédiée : « Dali ».

Dans la longue fille d’attente, un groupe de jeunes espagnols. Ils sont de Badalona, petite ville catalane toute proche de Barcelone. « On a prévu ce voyage à Paris depuis longtemps et quand on a appris qu’il y avait une grande exposition « Dali » on s’est dit qu’en tant que Catalans on ne pouvait pas la rater ! » Question finance... « Bon, aujourd’hui on ne va pas beaucoup manger…» Et moi qui pensais que l’art ne nourrissait pas son homme.

Du côté du Grand Palais, c’est le même tableau, si je puis dire, mais celui là est signé Edward Hopper. Et l’Américain n’a rien à envier au Catalan : des centaines de personnes attendent, stoïquement, le moment où ils vont pouvoir enfin accéder au petit perron qui les mènera à l’intérieur du musée. Martine et Alain sont de Nancy. Ils s’en veulent de ne pas avoir réservé leurs places. « On s’y est pris trop tard, tant pis on fait comme tout le monde, on prend notre mal en patience. » Pour le jeune couple, l’art est un moyen d’évasion. « Un voyage au pays de la Beauté. Hier nous avons été au Louvre voir le département dédié aux Arts de l’Islam, c’est féérique. » Le budget « culture » ne pèse-t-il pas trop dans le budget  « tout court » ? « Disons qu’avant, on prenait une semaine complète de vacances, maintenant on reste 4 nuits mais on ne se prive pas des expos qui nous intéressent ».

« On descend dans de tous petits hôtels. Comment on dit en français « des bouges ? »

Pour finir, petit détour par le Musée d’Orsay. Un peu moins de monde qu’à Beaubourg et qu’au Grand Palais mais je ne suis pas seule. A l’affiche, entre autres, « L’impressionnisme et la mode ». Là, j’arrête, devant la sculpture du rhinocéros d’Henri Alfred Jacquemart, deux étudiantes madrilènes. Elles adorent l’art en général et sont « enamoradas » du Musée d’Orsay : sa verrière, sa pendule, Monet, Manet… Intarissables. Et la crise ? Quelle crise ? Elles rient puis me disent leur « secret ». « On descend dans de tous petits hôtels. Comment on dit en français « des bouges ? » Non, des pensions ! « Quelle importance on y va que pour dormir. »

6 800 visiteurs par jour en moyenne pour
l’expo Hopper


Et les chiffres sont là pour attester de ce nouvel engouement pour la culture. En 2012, le Louvre enregistre une fréquentation record de « près de 10 millions de visiteurs, avec plus d'un million de visiteurs supplémentaires par rapport à 2011, notamment grâce au nouveau département des Arts de l’Islam »

De son côté, le Centre Pompidou annonce « la fréquentation devrait atteindre plus de 3,8 millions de visites dans le musée et les expositions, en hausse de près de 6 % par rapport à l’année précédente».

Fin 2012, l’exposition Edward Hopper au Grand Palais avait déjà accueilli 580 000 personnes, soit 6 800 visiteurs par jour en moyenne.

Et, de l’autre côté des Pyrénées, chez nos amis espagnols c’est le même refrain. A Madrid, 2,6 millions de personnes ont visité le  Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, le Thyssen-Bornemisza a battu son record avec un total de 1.3 million de visiteurs et le Prado a enregistré 2,8 millions de visiteurs. Les musées de Barcelone, quant à eux, ont vu leur fréquentation augmenté de 8 % par rapport à 2011… La culture serait-elle en train de devenir l’opium du peuple ?




Marie Torres

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