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Daniel Fohr : « L’Amérique latine, pour plusieurs raisons est un peu mon continent d’adoption »

Marie Torres - 30 juin 2014
Si vous êtes en quête du « livre de votre été ». L’improbable roman-cocktail finement dosé d’humour, de dérision, de culture et de style… Ne cherchez plus. « L’Eclair silencieux du Catatumbo », de Daniel Fohr, vous comblera au-delà de vos désirs. Rencontre avec l’auteur.

Tout commence comme un rêve d’enfant.

Le narrateur et héros du roman a décroché un poste d’enseignant à Maracaibo. Au Venezuela. Soit à près de huit mille kilomètres de Léah qui vient de le quitter. Maracaibo. « Les pirates, le sel sur la peau, l’odeur de poisson grillé, les requins, les femmes aux yeux noirs, Errol Flynn, autant de promesses de frisson, de moiteur, d’aventures, de noix de coco et de senteurs vanillées, de palmes et de voile gonflées par les alizés. Tout ce dont je m’étais nourri habitait ces neuf lettres ».

Mais la réalité est autre. Le héros découvre une ville où les crimes, les kidnappings, le racket font partie du quotidien. Tout comme la chaleur étouffante, l’humidité, les inondations et les coupures d’eau. Et pourtant, avec un certain flegme et beaucoup d’humour, il s’adapte. Tel un conquistador du XVIeme , il applique l'art de la guerre, « Contourner, affronter, rallier ou fuir  » tout en portant un regard bienveillant sur son entourage. Ses collègues, ses voisins, les femmes rencontrées… Un voyage étonnant et merveilleux teinté de folie sud-américaine et d’humour anglais. On savoure, on rit (beaucoup), on ne s’ennuie jamais...

Et on se dit que ce n’est pas par hasard que l’auteur, Daniel Fohr, s’est vu attribuer le prix Tortoni 2014 pour son roman ainsi salué par le jury : « Du souffle, du style, de l’humour, une ironie décapante sur ce monde désorienté, de l’exotisme moite et désenchanté, mais aussi une sérieuse érudition littéraire et cinématographique au service d’un beau livre qui tranche sur trop de "produits agréés courants" » (l’expression est de Mallarmé). 
  

Alors ? Il ne vous reste plus qu’à rencontrer l’auteur…

Micmag.net : Le titre de votre roman « L’éclair silencieux du Catatumbo » est bien mystérieux… Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Daniel Fohr : Il s’agit d’un phénomène météorologique unique au monde, et qui se produit au sud du lac de Maracaibo. C’est un éclair qui clignote toute la nuit parfois plusieurs fois par seconde et pratiquement toute l’année, et ce sans tonnerre. Ça crée une ambiance très particulière. Comme mon roman se passe à Maracaibo, c’était un élément contextuel important.

M. : Vous, ou votre personnage, décrit Maracaibo de manière très réaliste mais aussi avec beaucoup de tendresse et de respect, on perçoit le vécu…

D.F. : Je ne suis pas le personnage, lequel n’a pas de nom, même si j’ai vécu sur place et que je connais bien l’Amérique du Sud en général. La tendresse, comme vous dites, vient du fait que l’Amérique latine, pour plusieurs raisons est un peu mon continent d’adoption. J’y ai des amis et j’en apprécie la littérature (les littératures, je devrais dire) et l’histoire que j’ai étudiée dans le cadre d’un doctorat. Maracaibo est une ville violente, chaotique, surréaliste même, une ville qui n’est pas « aimable » mais que j’aime comme on peut aimer un chien que tout le monde trouve moche.

M. : L’humour a une grande place dans votre roman, pensez-vous, comme Oscar Wilde qu’il est « la politesse du désespoir » ?

Absolument. Je trouve le monde parfaitement désespérant et l’humain déprimant. C’est une espèce qui n’est pas achevée à mon avis, peut-être une impasse de la biologie. Je ne sais plus qui a dit «  le chaînon manquant entre l’homme et l’animal, c’est nous ». Je n’ai pas d’autre alternative que de voir les choses avec la distance que donne la dérision. Ma tendance naturelle est de voir les choses en noir, mais je lutte en permanence contre ça, parce que sinon la vie me serait impossible.

M. : Les références d’ordre cinématographiques sont aussi très importantes…

D.F. : A une période de ma vie où je n’avais pas grand chose à faire, je pouvais aller trois fois par jour au cinéma. J’adore le cinéma, j’aime tous les genres. Il y a des films comme Zorba le Grec, Impitoyable ou Le Parrain que j’ai vu des dizaines de fois, et rien que d’en parler me redonne envie de les voir :) Je suis capable de vous dire le type qui rentre dans une cabine téléphonique qu’on ne voit que deux secondes dans le film « Les prédateurs » (qui n’est pas un film majeur…) c’est Willem Dafoe quand il n’était pas encore connu. Pour le reste, je n’ai aucune mémoire et je peux ne pas reconnaître quelqu’un avec qui j’ai travaillé des années.

M. : Que lisez-vous, quels sont les auteurs contemporains qui vous interpellent ? Côté classiques ?

A de très rares exceptions près, je ne lis que des gens morts, des auteurs que le temps a « trié ». Je n’ai pas le temps de découvrir de jeunes auteurs et pour tout dire je n’en ai pas l’envie non plus. Je suis assez fainéant. J’aime Camus, Borges que j’ai eu la chance d’interviewer, ainsi que Garcia Marquez que j’ai rencontré aussi mais dans un cadre privé. J’aime Vargas Llosa, Hemingway, pas mal de gens en fait, mais plus précisément des auteurs américains, du sud ou du nord. Je suis assez ignare pour le reste.

M. : Des projets ?

D.F.
: Oui. Je réfléchis à un sujet qui tourne autour de l’animalité, du rapport que l’homme entretient avec les autres espèces, de la violence et de la sauvagerie absolue avec laquelle il s’est hissé au sommet de la hiérarchie du vivant. L’intelligence animale m’intéresse. J’ai écrit une nouvelle sur le sujet dans la revue Bordel de Stéphane Million, qui s’appelle Nelson et Georges.

A ce titre je cherche à rencontrer quelqu’un qui travaille dans un zoo ou un parc animalier et quelqu’un qui pratique la taxidermie aussi. Si vous avez ça en magasin je suis preneur…

Pour en savoir plus sur l’éclair de Catatumbo
et sur le prix Tortoni

Marie Torres
« L’éclair silencieux du Catatumbo »
Daniel Fohr.
Editions Robert Laffont, 2014
22 euros
1

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