France - Lire

Entre poupées gonflables et crucifix, Montalbano enquête…

Marie Torres - 16 janvier 2015
Deux vieux bigots, des poupées gonflables, une jeune fille qui disparaît, la chasse au trésor du commissaire Montalbano peut commencer. Une aventure captivante et cocasse portée par la délicieuse plume d’Andréa Camilleri et la belle traduction de Serge Quadruppani. Un bonheur.

« Que Gregorio Palmisano et sa sœur Caterina aient été des grenouilles de bénitier depuis leur première jeunesse, c’était connu dans tout le pays. Ils ne rataient pas un office matutinal ou vespéral, une sainte messe, une célébration des vêpres, et certaines fois ils allaient à l’église même sans raison, juste parce qu’ils en avaient envie. Le léger parfum d’encens qui stagnait dans l’air après la messe et l’odeur de la cire de chandelles étaient pour les Palmisano plus attirants que le fumet de sauce tomate pour qui n’a pas mangé depuis dix jours. »

« Pêcheurs, repentez-vous ! »

Dès les premières lignes du roman d’Andrea Camilleri, « La chasse au trésor », on sait que l’aventure dans laquelle le commissaire Salvo Montalbano va nous entraîner sera pittoresque. Captivante et cocasse. Comme d’habitude, me direz-vous. C’est vrai mais quel plaisir d’être qu’au tout début du roman. D’avoir encore près de 300 pages à découvrir. 300 pages durant lesquelles nous allons partager le petit monde de l’emblématique commissaire. Retrouver ses collaborateurs, Mimi, Fazio, Gallo, Galluzzo et Catarella. Livia, sa « fiancée », Ingrid, la belle suédoise… Le tout écrit dans une langue drôle et riche (italien enrichi d’expressions siciliennes) dont la saveur est parfaitement rendue dans la traduction – ô combien difficile et délicate – du fidèle Serge Quadruppani.

Mais revenons à  notre histoire. Deux vieux bigots, Gregorio Palmisano et sa sœur Caterina, fanatiques dérangés (comme tous les fanatiques), suspendent à leur balcon des banderoles qui  interpellent les habitants de Vigàta. « Pêcheurs, repentez-vous ! », « Pêcheurs, nous vous punirons !! ». La troisième « Nous vous ferons payer vos pêchés de votre vie !!! »  finit par inquiéter le commissaire. La police intervient.  Les deux septuagénaires ripostent avec des armes à feu. S’ensuit une fusillade puis un assaut. Au final, Gregorio et Catarina sont maîtrisés, Montalbano pénètre dans la demeure, dans le fort Chabrol des Palmisano. Et là…

… une poupée gonflable à moitié chauve, borne, un sein fripé…

« A la lumière d’une autre lampe à pétrole, il vit des dizaines et des dizaines de crucifix, de tailles variées, depuis ceux d’un mètre à ceux qui touchaient le plafond, maintenus droit par leurs base de bois, jusqu’à former une épaisse forêt du fait qu’ils étaient disposés de manière qu’ils se matent réciproquement, et donc le bras d’une croix passait en travers du bras de la croix voisine, tandis qu’une autre croix, plus basse, tournait le dos, le christ collant son visage à un autre à la même hauteur et ainsi de suite. »

Dans la chambre, Montalbano fait une autre découverte : une poupée gonflable à moitié chauve, borne, un sein fripé et recouverte de nombreux morceaux de sparadrap…

Qu’en conclure ? Que Gregorio Palmisano est un bigot doublé d’un vieux cochon ? C’est ce qu’aimerait croire le commissaire mais quelques jours plus tard, une poupée semblable en tous points est retrouvée dans une benne à ordures. Par ailleurs, il reçoit des lettres anonymes, rédigées en vers, l’incitant à participer à une étrange chasse au trésor. Puis une jeune fille disparaît… Ces énigmes sont-elles reliées ? Montalbano, Fazio et Mimi sont déjà sur le terrain…

Si vous avez déjà lu Andrea Camilleri et que vous connaissez son imagination et son humour inimitables, inutile d’en dire plus. Si vous ne l’avez jamais lu, c’est le moment ou jamais. Entrer dans son monde est un véritable bonheur, et par les temps qui courent, qui peut se priver de quelques heures de bonheur ?

Lire aussi

La Danse de la mouette
Le Diable certainement


Andréa Camilleri, délicieusement amoral…

Interview Camilleri : "le policier est la forme d’écriture qui peut le mieux raconter la société d’aujourd’hui".


Marie Torres
La chasse au trésor
Andréa Camilleri
Fleuve Noir, 8 janvier 2015
20 euros

  • Facebook
  • Google Bookmarks
  • linkedin
  • Mixx
  • MySpace
  • netvibes
  • Twitter
 

ÉVÉNEMENTS

VINTAGE & COLLECTIONS

Yesterday, la chanson la plus reprise de tous les temps

Si « Yesterday » des Beatles est la chanson la plus reprise et la plus jouée de tous les temps, elle n'était à l'origine qu'une... recette de cuisine. Comment transformer des oeufs brouillés en un des plus gros succès musicaux du XXe siècle ? Micmag vous dit tout... ici.

SORTIR À PARIS


Paris - jusqu'au 11 janvier 2026
« Le mystère Cléopâtre », jusqu'au 11 janvier 2026 à l'Institut du Monde Arabe.

C'est une exposition entre mythes et histoire sur la célèbre reine d'Egypte que propose l'Institut du Monde Arabe. Son nom et sa légende ont traversé les siècles : Cléopâtre VII a régné sur l'Egypte antique, il y a plus de 2 000 ans. La mythique souveraine de la dynastie des Ptolémées est l'une des figures les plus connues du monde antique, mais la réalité n'étaye pas toujours les nombreuses histoires que l'on raconte sur elle. Lire la suite, ici.

BRÈVES

4e Conférence mondiale pour l'égalité femmes-hommes

Parus accueille les 22 et 23 octobre 2025 les représentants d'une quinzaine de nations pour la 4e Conférence ministérielle des diplomaties féministes qui vise à mettre en place une action mondiale face aux blocages et aux reculs des droits des femmes.

 
Elvis Presley : un nouveau film-concert

Un demi-siècle après la dernière apparition scénique d’Elvis Presley, Baz Luhrmann proposera, en 2026, EPiC: Elvis Presley in Concert, un film-concert inédit rassemblant des images restaurées de la légendaire résidence de Las Vegas en 1970 et de la tournée américaine de 1972

 
L'iran facilite les opérations Transgenre
L'Iran combat le mouvement LGBT dans son pays mais favorise les opérations pour les étrangers qui désirent changer de sexe. Business is business !
 
Une guitare volée aux Stones vient de refaire surface
Une Gibson Les Paul Standard de 1959 volée aux Stones dans les années 1970 vient d’être retrouvée. L’instrument, qui appartenait à Mick Taylor, a été identifié dans une collection de 500 guitares récemment acquise par le Metropolitan Museum of Art de New York.
 
Le buste de Jim Morrison enfin retrouvé !
Trente-sept ans après sa disparition, le buste de Jim Morrison, couvert de graffitis, a été retrouvé dans le cadre d’une autre enquête. Pour en savoir plus, ici.