- Musique

Brian Jones, sympathy for the devil....

Marie Torres - 1er juillet 2019
Que s'est-il passé entre le 7 juin 1963 et le 3 juillet 1969 ? Comment en six années le musicien hors-norme qu'était Brian Jones est devenu une rockstar imprévisible et défoncée ?

7 juin 1963, Come On, le premier 45 T d'un groupe de rock encore inconnu, les Rolling Stones, arrive dans les magasins de disques britanniques. Sur la pochette, cinq garçons plutôt "propres sur eux" à l'air bien sage. La chanson est courte. Elle ne dure qu'une minute quarante neuf secondes et est signée Chuck Berry. Les Stones n'aiment pas - et n'aimeront jamais - leur interprétation. Peu importe. Le 31 juillet, Come On se place à la 21e place des hit-parades. C'est un résultat relatif qui leur permet de continuer.

Et le 1er novembre suivant, paraît leur deuxième single avec, sur la face A, I Wanna Be Your Man signée… Lennon/McCartney. Pourquoi ? Oldham leur a dit qu'il n'avait pas de titres accrocheurs pour ses poulains. "Bons princes, les deux jeunes songwritters de Liverpool, en cours d'enregistrement de "With the Beatles", acceptent bien volontiers de venir à la rescousse du quintette londonien.[...] Ils jouent avec nous et Brian y va d'une très bonne intervention de guitare slide. Du coup, on lui donne une teinte définitivement Stones et il devient clair qu'on tient un hit avant même que John et Paul repartent" se rappelle Keith. (1). Et le 14 novembre, le single atteind la 12e place des classements britanniques. Dès lors, les Stones sont lancés.

Brian rencontre un mannequin italo-allemand, Anita Pallenberg

1964. L'année est marquée par la sortie de Not Fade Away, enregistrée en 1957 par Buddy Holly, et revue "à la sauce Stones" par Keith. C'est un gros succès qui annonce l'année 1965 et les tubes tels que The Last Time, Play With the Fire et bien sûr, le 20 août (I Can't Get No) Satisfaction " J'ai écouté une démo de l'enregistement originel avant que la fuzz tone n'ait été mise. Il y avait Brian à l'harmonica. J'ai fait part à Mick, Keith et Brian que ça serait le plus gros disque que les Stones aient jamais fait " témoigne le Disc Jokey et ami des Stones, Scott Ross. (1) Satisfaction fait basculer leur destin. Leur carrière prend une envergure internationale, les concerts se suivent. Les succès aussi.

En septembre 1965, Brian rencontre un mannequin italo-allemand, Anita Pallenberg. Son double féminin. Pour la première fois de sa vie, il est amoureux. Comme lui, la jeune femme aime toutes sortes d'expériences et Brian ne lui dit jamais non. C'est à sa demande qu'il pose en uniforme d'officier nazi pour la couverture d'un magazine allemand. Mais Anita fait face parfois à un autre Brian, celui qui, sous l'effet de l'alcool et des drogues, peu devenir violent. Keith en profite. Anita lui plait. Il accompagne le couple au Maroc. Mais lors du trajet, Paris/Tanger, qu'ils effectuent en voiture, Brian est hospitalisé pour une pneumonie. Anita et Keith continuent le voyage. Et il se passe... ce qu'il devait se passer. Brian ne se remettra jamais de cette séparation. 

"J'étais là-bas avec lui, dans une sorte de débarras à Cotchford, peu avant sa mort. Il est tombé sur une photo d'Anita et il est resté longtemps à la regarder. Il a dit "Anita" un peu comme s'il se parlait à lui-même, qu'il avait oublié ma présence.[...] Perdre Anita l'a terriblement bouleversé. Rien n'était plus pareil pour Brian après ça. Et puis ces histoires de drogues, tous ces ennuis. Je ne savais pas comment l'aider. Nous étions proches quand il était petit, mais plus tard nous avons eu... des divergences d'opinions" (2) raconte son père.

Et sa chute est accélérée par les différentes descentes de police dans son appartement. Il est arrêté pour possession d'amphétamines. En octobre 1967, il comparait devant le tribunal de Londres pour consommation de produits illicites et écope de douze mois de prison ferme. Il passe une nuit derrière les barreaux mais son avocat et son psy réussissent à convaincre les autorités de le relâcher.

Et les Stones ? Après l'enregistrement de Street Figthing Man (1968) il ne sera plus qu'un figurant..."En fait, il est allé si loin qu'il ne pouvait même plus assurer un concert ; on ne pouvait plus jouer car Brian était devenu un handicap. Il ne jouait pas bien, il ne jouait plus du tout, ne pouvait plus tenir sa guitare. C'était pathétique." déclarait Mick Jagger dans Rolling Stone. (3)

Le 8 juin 1969, Mick, Keith et Charlie se rendent à Cotchford Farm

La vérité est que, depuis quelques temps déjà rien ne va plus entre Brian et les autres membres du groupe. Tout lui échappe. Ce qu'il a construit s'écroule. Le leadership des Stones est allé à Mick et Keith. Anita l'a quitté pour Keith. Ajoutez à cela l'alcool, les drogues et les crises d'ashme de plus en plus fortes ... le fondateur et génial musicien des Stones sombre dans la paranoïa… "Ce qui a causé la perte de Brian, ce n'est ni moi ni la drogue, avait dit Anita. C'es Mick et Keith"... (2)

Le 8 juin 1969, Mick, Keith et Charlie se rendent à Cotchford Farm, la propriété que Brian a acheté dans le Sussex, et lui annoncent qu'il ne fait plus partie du groupe. Les raisons ? Le fait qu'il ne puisse plus entrer aux Etats-Unis et son état physique dégradé. Comme indemnité de départ ils lui promettent 20 % des bénéfices des Stones jusqu'à sa mort... L'entrevue dura pas plus dix minutes. "Brian leur serra la main et leur dit au revoir avec une courtoisie d'une autre époque : ce n'est que lorsque leur rolls eut tourné au bout de l'allée et disparu qu'il se précipita dans la maison, appuya sa tête sur la table de la cuisine et éclata en sanglots". (4)

Le lendemain, son départ est annoncé officiellement tout comme le concert gratuit à Hyde Park des Stones, le 5 juillet suivant.

Le 3 juillet son corps est retrouvé dans sa piscine. La police conclut à un accident : ce soir-là, il a bu énormément et pris pas mal de substances interdites par la loi, ce qui est peu compatible avec un petit plongeon nocturne... Affaire classée. Les fans des années 60 ont leur premier martyre. Le premier du Club des 27... "Je vous en prie, ne me jugez pas trop sévèrement" écrit Brian dans une lettre envoyée à ses parents en 1968...

Lire aussi,

Il était une fois un musicien nommé Brian Jones
Qui a tué Brian Jones ?
Dominique, Martine, Claude... fans de Brian Jones
« C'est décidé, je ne serai pas qu'un Stone, je serai un Brian Jones »
Fans des Rolling Stones jusqu'au délire !

(1) Rolling Stones, la Totale
Les 300 chansons expliquées
Philippe Margotin/Jean-Michel Guesdon
Editions du Rocher, 2016
49,90 euros

(2) Dance With the Devil - L'histoire extraordinaire des Rolling Stones
Stanley Booth
Traduction Maud Ortalda et Matthieu Farcot
Editions Flammarion, 2012
21,90 euros

(3) Rolling Stone - Hors-Série Collector Juin/Juillet 2012

(4) Mick Jagger 
Philip Norman
Traduction Philippe Paringaux
Editions Robert Laffont, 2013
24,90 euros

Marie Torres pour www.micmag.fr

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