- Lire

Régine Detambel : « Le fait de lire nous extrait de notre vie ordinaire »


Marie Torres - 24 octobre 2023
Régine Detambel, formatrice en bibliothérapie, nous rappelle les bienfaits de lire pour la santé mentale et physique tout en distinguant deux types de lecture: celle que l'on fait pour soi-même et celle que l'on fait aux autres. Explications.

Micmag.net : Peut-on dire que la lecture est une thérapie ?

Régine Detambel : Oui car elle a de nombreux bienfaits pour la santé mentale et physique. Le fait de lire nous extrait de notre vie ordinaire et nous fait entrer dans un monde où il y a des personnages et où notre psychisme peut s'identifier et vivre d'autres vies. Notre imaginaire est stimulé et notre inconscient confronté à de nombreux symboles, à des images poétiques qui ne sont pas toujours décodables mais qui nous touchent très profondément. Tout cela nous sort du quotidien. Nous change de ce qu'on appelle la simple communication.

Chaque mot que nous lisons vient redynamiser notre mémoire et faire travailler notre psyché...

M. : C'est-à-dire ?

R.D. : La simple communication est une communication qui nous assèche parce qu'elle nous maintient dans des choses rationnelles, banales et qu'ainsi nous ne vivons qu'un dixième de notre vie. Pour bien comprendre, il faut se remettre dans le contexte. Se rapporter à ce qu'est l'espèce humaine. Depuis des millénaires, l'Humain transmet des contes, des récits, des mythes, des histoires de dieux et de déesses. Aussi quand nous lisons nous devenons pleinement humain car nous retrouvons la chaine de transmission qui a été interrompue par le numérique. Les tablettes, les téléphones...
Et à ces bienfaits habituels de la lecture, il faut ajouter les bienfaits de la musicalité des mots. Chaque mot que nous lisons vient redynamiser notre mémoire et faire travailler notre psyché, ce qui a des effets extrêmement importants sur la santé et sur la prévention des maladies neuroévolutives...sans parler du plaisir ! Ceci est ce que j'appelle la lecture ordinaire.

M. : Il y a donc plusieurs lectures ?

R.D. : Oui : la lecture que l'on fait pour soi-même avec les yeux, la lecture ordinaire, et la lecture que l'on fait aux autres. Car qu'est ce qui se passe quand les personnes ne peuvent plus lire ? Qu'est ce qui se passe quand, comme pendant la covid, ils sont un peu dépressifs et n'arrivent plus à se concentrer, ne lisent plus alors même que parmi eux il y a de grands lecteurs ?.Il y a un manque, une perte. C'est alors qu'il faut intervenir. Faire une offre citoyenne, apporter avec notre voix des lectures à des personnes isolées, des personnes qui ne peuvent pas lire ou plus lire momentanément, des personnes âgées en maison de retraite. Pourquoi ? Parce que ça leur apportera ce que je viens d'exposer avec, en plus, du lien et ça c'est fondamental et c'est humain. Nous avons besoin d'un lien affectif avec les autres et la voix humaine est pour cela extraordinaire.

...il faut éviter des textes trop stéréotypés qui vont contribuer à enfermer les personnes
dans des clichés...

M. : Toutes les lectures sont-elles bonnes ?

R.D. : Dans le contenu de ma formation, il y a en effet des paramètres de sélection. Je dirais qu'il faut éviter des textes trop stéréotypés qui vont contribuer à enfermer les personnes dans des clichés, dans des représentations du monde qui ne sont pas vraiment libératrices et pas vraiment créatrices. Et donc plutôt aller vers une littérature libératrice par son originalité et par sa qualité. Ce qui ne veut pas dire des textes difficiles ou intellectuels mais au contraire des textes avec des mots très simples. La poésie est aussi très importante. Mais la poésie contemporaine car pour beaucoup de personnes la poésie ce sont des rimes. Hugo ou Lamartine. Des auteurs qu'ils assimilent à l'école et qui les bloquent.

M. : Un conseil de lecture ?

R.D. : « Le Petit Prince » ou « Les aventure d'Ulysse » sont des textes initiatiques. Des récits où notre esprit entend bien au-delà du texte ; il y a beaucoup plus que ce qui est écrit et c'est cela qui est intéressant. On peut aussi lire des textes de pur divertissement. Il faut savoir varier ses lectures et donc ses plaisirs !

Pour en savoir plus :

Le site officiel de Régine Detambel, ici

Lire pour relier
 

Régine Detambel : « Nous avons besoin du récit pour vivre »

« Depuis toujours, les récits ont ce pouvoir étonnant d’arracher à soi-même et à sa douleur »

 




  • Facebook
  • Google Bookmarks
  • linkedin
  • Mixx
  • MySpace
  • netvibes
  • Twitter
 

ÉVÉNEMENTS

La morte amoureuse de Théophile Gautier

La morte amoureuse de Théophile Gautier au Théâtre Darius Milhaud

« Memories »

« Memories » de Philippe Lebraud et Pierre Glénat

Paul Klee, Peindre la musique

L’exposition numérique rend hommage aux deux passions de Klee, la musique et la peinture, et révèle les gammes pictural...

Alô !!! Tudo bem??? Brésil-La culture en déliquescence ! Un film de 1h08 mn

Photo extraite du film de Mario Grave - S'abonner sur notre canal Youtube  pour avoir accès à nos films :

VINTAGE & COLLECTIONS

Jean Segura, collectionneur d'affiches de cinéma : « J'en possède entre 10 000 et 12 000 »

Journaliste scientifique, auteur de plusieurs ouvrages, concepteur du site ruedescollectionneurs, Jean Segura est aussi un passionné et un spécialiste de l'affiche de cinéma ancienne. Rencontre, ici.


SORTIR À PARIS

« Loading, l'art urbain à l'ère numérique »

jusqu'au 21 juillet 2024 au Grand Palais Immersif


            


BRÈVES

Madrid, 11 mars 2004

L'Espagne, mais aussi l'Union européenne, rendent un hommage solennel lundi aux 192 victimes de 17 nationalités assassinées il y a 20 ans à Madrid dans des attentats à la bombe qui marquèrent le début des attaques islamistes de masse en Europe.

 
Pablo Neruda a-t-il été empoisonné ?
Cinquante après, le Chili relance l'enquête sur la mort du poète et Prix Nobel de littérature survenue sous la dictature du général Pinochet. Cancer de la prostate ou empoisonnement ?
 
Paris 2024 : les bouquinistes ne seront pas déplacés
Paris 2024 : les bouquinistes des quais de Seine ne seront finalement pas déplacés pour la cérémonie d’ouverture des JO « Déplacer ces boîtes, c’était toucher à une mémoire vivante de Paris » a déclaré à l'AFP Albert Abid, bouquiniste depuis dix ans au quai de la Tournelle.
 
Sophie Calle et la mort !
Sophie Calle, artiste de renom, achète des concessions funéraires au USA en France et ailleurs. "J'achète des trous" dit -elle à propos de sa mort.
 
53 journalistes et proches de médias tués dans la guerre Israel- Hamas
Cinquante-trois journalistes et employés de médias ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le dernier décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ)