Relatos Salvajes / "Les Nouveaux Sauvages", entre civilisation et barbarie

Réalisateur et scénariste, connu également pour des séries T.V., Damián Szifrón semble avoir à l’aube de ses 40 ans trouvé la voie du succès avec son dernier opus de contes cruels.

Après Los Simuladores, série T.V. remarquée et encensée, il enchaîne avec El Fondo de Mar (2003) et Tiempo de valientes (2005). Talentueux, à l’énergie aussi vaste que sa capacité de travail, ce réalisateur ne néglige pas pour autant l’au-delà de la réalité : “Quand les sociétés vivent en délaissant l'imagination, quand la vie est collée au réel, c'est une attitude ingénue », déclare-t-il dans Clarin, un quotidien argentin. 

C’est probablement pour cela qu’il est capable de nous livrer au cours de ces six histoires des situations extrêmes, où la réalité du quotidien bascule, avec autant de surprise que de méchanceté.

Une spirale infernale et vertigineuse

Mais si l’inégalité, l’injustice et l’exigence du monde créent une spirale infernale et vertigineuse où s’engouffrent les personnages de ces sketches, délaissant stress et dépression pour se vautrer dans la vengeance, le meurtre, le terrorisme, le duel, la lâcheté, l’impunité et la jalousie c’est avant tout pour nous soulager du poids de l’existence et nous faire rire !... Grâce à ces histoires, chacun trouvera celle qui lui permettra avec humour noir et jusqu’au-boutisme de se libérer en toute férocité et sans aucun scrupule !

Laissez parler les rabat-joie et ceux qui en raison de références à la grande comédie italienne de jadis, trouvent ça vulgaire.

Peut-être est-ce aussi une question de génération. Les repères socio-culturels ne sont plus les mêmes et aujourd’hui on le sait, la barbarie est parmi nous!

Alors, réjouissons-nous de cette surréalité cinématographique qui effectivement parfois nous rappellera les films de Pietro Germi, d’Ettore Scola ou bien sûr Les Monstres  de Dino Risi. À moins que ce ne soit  Duel  de Stephen Spielberg.

Que vous dire de plus, si vous hésitez encore? L’argument auquel vous succomberez sûrement : l’excellent acteur argentin, Ricardo Darin se montre vraiment truculent, et on le surnomme « la Bombita » !!

À vous de découvrir comment et pourquoi ?

Des pétages de plomb qui ne sont jamais tragiques

À l’aune des événements –l’attentat à Charlie Hebdo et la prise d’otages de l’Hyper Cacher qui ont catastrophé et endeuillé notre pays, je vous recommande vivement cette part imaginaire où les pétages de plombs appartenant au 7^ème art, ne sont jamais tragiques.

Passez à l’acte et laissez libre cours à vos plus noires colères, deux heures durant, l’écran est là pour ça !...

Et il est à parier que nos regrettés caricaturistes les auraient aimées celles-ci…

                            Découvrez la Bande-annonce

 NB : Gros succès en Argentine à sa sortie en salles le 21 août 2014, bien accueilli au Festival de Cannes, il a obtenu le Prix du Public à San Sébastian. C’est aussi le film que l’Argentine a choisi pour être représenté aux Goya (nommé 9 fois) et aux Oscars.

Brigitte Berganton (Paris)