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Claude Bleton " Victor del Arbol est un génie du scénario, des âmes noires et des âmes damnées ! "

Marie Torres - 30 janvier 2019
La vie professionnelle de Claude Bleton, bien remplie et fort variée, s'articule autour de la langue espagnole qu'il a enseignée, mis en lumière et traduite. Parmi les nombreux auteurs qu'il a traduits, Victor del Arbol. Il nous en parle avec beaucoup de chaleur.

Claude Bleton a commencé dans la vie professionnelle en enseignant l'espagnol. Un métier dont il garde un excellent souvenir mais qu'il a quitté pour "une envie d'ailleurs". Envie qui le conduit vers la traduction. Depuis il a traduit quelque 200 ouvrages de littérature espagnole et latino-américaine. Manuel Vásquez Montalbán, Zoé Valdès, Juan Marse, Antonio Muñoz Molina, Juan Gabriel Vásquez... En parallèle, il a créé et dirigé la collection “Lettres hispaniques” d'Actes Sud, de 1986 à 1997, puis le Centre international des Traducteurs littéraires d'Arles, de 1998 à 2005. Aujourd'hui, c'est le traducteur de Victor del Arbol qui répond aux questions de Micmag.

Micmag.net : Depuis quand traduisez-vous Victor del Arbol ?

Claude Bleton : Depuis neuf ans. Je l'ai rencontré à travers la première traduction que j'ai faite de lui, "La Tristesse du Samouraï'. Quand l'éditeur me l'a proposée, j'ai commencé par lire son premier roman, "El peso de los muertos" (Le poids des morts), que j'ai trouvé très beau et que je suis d'ailleurs en train de traduire. Il sortira en France, début 2020.

M. : Quel rapport avez-vous avec lui ?

C.B. : Des rapports excellents. Victor est un garçon délicieux, vraiment très chouette et très sympathique. On s'est vu plusieurs fois, on a été l'un chez l'autre... Entre nous c'est une bonne amitié.

M. : Que pensez-vous de son oeuvre ?

C.B. : J'ai adoré le premier roman que j'ai traduit de lui, La Tristesse du Samouraï. Je trouve que c'est un génie du scénario. Un génie des âmes noires et des âmes damnées ! Ses romans sont essentiellement marqués par deux choses : le métier de policier qu'il a exercé à la Generalitat de Catalogne et son passage au séminaire. C'est pour cela que dans ses romans il y a toujours des inspecteurs de police et des réflexions très morales. Des questions sur la destinée sur ce qu'on est, ce qu'on devient. Il a été également marqué, mais là je n'ai pas d'explication, par la figure du père. Toujours très puissante dans ses romans. Et bien sûr, sa formation d'historien. Il sait toujours de quoi il parle.

M. : Traduisez-vous d'autres auteurs ?

C.B. : Oui, j'ai traduit quelque 200 ouvrages jusqu'ici. Des auteurs espagnols et des latinos-américains. Mexicains, Colombiens... Là, je termine le 3ème volet de la triologie d'un auteur madrilène, Luis Montero Manglano.

M. : Est-ce vous qui choisissez un auteur ou un roman ou est-ce l'éditeur ?

C.B. : A à 90 % c'est l'éditeur qui choisit et parfois je propose. Mais c'est leur boulot ! J'ai été éditeur, j'ai créé et géré la Lettre Hispanique chez Actes Sud, là, j'étais un chasseur de titres.

M. : Pourriez-vous traduire un auteur que vous n'appréciez pas ?

C.B. : Non, ce qui ne veut pas dire que j'admire forcément le texte que je traduis mais il faut que je sois en accord avec lui. J'ai commencé dans la profession en refusant de traduire un livre alors que j'étais dans une mauvaise passe financière. Mais je n'allais pas débuter en prenant quelque chose que je n'aimais pas ! Alors oui, il m'arrive de refuser de traduire un livre.

M. : Comment travaillez-vous ?

C.B. : Je commence par lire le livre. Et c'est d'ailleurs le seul moment où je lis. Un traducteur n'est pas un lecteur. Je ne connais aucun lecteur au monde qui repère la place des virgules ! Le traducteur, c'est un inspecteur des travaux finis.

Donc je lis le roman, je vois s'il me plait ou pas. S'il me plaît je le traduis d'une traite. Peu importe si je ne comprends pas tout. Ensuite, je le reprends, je cherche à comprendre ce qui m'échappe. Je consulte des amis et, si nécessaire, j'appelle l'auteur.

M. : Gao Xingjian a dit « le traducteur fait vivre le texte dans une autre langue, c’est donc une création. » qu'en pensez-vous ?

C.B. : Un traducteur n'est pas un créateur, c'est une question de logique. L'auteur prend une page blanche et la remplit. Le traducteur passe derrière, c'est déjà créé. Il est un artisan, s'il est habile il peut être un génie mais pas un créateur. Il faut respecter les choses et avoir la modestie de s'incliner devant l'auteur. Le traducteur essaie de faire vivre le texte dans une autre langue.

M. : A ce propos, Victor del Arbol lit-il vos traductions ? Qu'en pense-t-il ?

C.B. : Victor apprend petit à petit le français mais il a des amis qui les lisent. L'un d'eux lui a dit que ma dernière traduction était excellente. Victor est bien entouré...

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