Haïti (2e partie) - Reportage aux Caraïbes L' arrivée à Port-au-Prince : le choc ! (2e partie)Hélios Molina avec l'aide d' Arnaud Palacthi - Haïti- Le premier regard est douloureux ! Nous nous y étions préparés (17e pays au PIB le plus pauvre du monde). Misère humaine, rues surpeuplées, ordures sur le bas côté. Pas un seul point attrayant. Dur, dur !!! Puis premières rencontres savoureuses et l'on oublie rapidement le chaos ambiant.
Photo -Ecole d'enfants dans un bâtiment pour marionnettes au centre de Port-au-Prince ©Hélios Molina Arrivée à Port au Prince, la voiture de nos jeunes amis qui sont venus nous chercher dans le petit aéroport qui a pour nom légendaire Toussaint Louverture fonce vers le centre (le Champ de Mars). Des noms bien français du temps de la colonisation française. Une ville qui aurait selon certaines statistiques anciennes 3 millions d’habitants. Une capitale qui a subi un tremblement de terre meurtrier en janvier 2010 (Plus de 300 000 morts, les principaux bâtiments de la ville se sont effondrés.) Des voitures déglinguées foncent dans un nuage noir et poussiéreux ! Le premier regard fait mal ! Nous y étions préparé (17e pays au PIB le plus pauvre du monde). Misère humaine, rues surpeuplées, ordures sur le bas côté. Pas un seul point attrayant. Pas une rue qui mérite le détour. Rien, dur, dur !!! L'on aurait presque envie de reprendre le chemin du départ mais... Des voitures déglinguées avancent tant bien que mal dans un nuage noir de pollution qui nous vient sur la gueule. Le Tap tap (transport en commun bon marché d'ici) des camionnettes où s’entassent les citadins, prend ou laisse les clients à la demande. Et bien souvent des 4 x 4 de luxe au milieu de ce chaos se frayent un passage sans bruit, sans silence. Quant aux motos ou mobylettes taxis à deux ou trois passagers plus les bagages, elles foncent en zigzag sans aucune protection dans ces nuages nauséabonds. L’on imagine être en Afrique, au Mali, au Sénégal, à Madagascar mais il y a comme un air des Caraïbes. Des vendeurs à la sauvette près des caniveaux gèrent leur étal tant bien que mal. Tous les petits métiers ont droit à un bout de voie publique. Tout est bon pour la survie du coude à coude. La musique fuse de tous côtés. Des rythmes de tambours mystérieux interpellent l'étranger. Le fameux Kompa (voir détail plus bas) accompagne le plus souvent notre trajet avec des notes heureuses au milieu de ce brouhaha de confusion. Autre constatation : tous les 100 mètres une église avec des adeptes au chant ou à la prêche. Des églises de différentes religions en pleine effervescence le dimanche. Le relief de la ville est lui séduisant. Collines, montagnes, montées-descentes permanentes dans des rues sinueuses et encombrées, saturées, avec parfois vue sur le port et la mer. Sur le chemin, écoliers en uniformes de couleur et tenues irréprochables circulent en petit groupe, Des uniformes aux couleurs différentes selon les écoles qui donnent un ton d’ancienne colonie britannique au désordre ambiant. Des jeunes filles aux rubans dans les cheveux égayent l’aspect ville déglingue ! Les haïtiens sont informés de tout ce qui se passe dans le monde Mais face à ce premier choc règne en maître le sourire magnifique des haïtiens, la beauté de leurs palabres, une poésie naturelle dans un français provenant parfois de la littérature du XIXe. Puis s’ensuit une volonté de partager des idées, une générosité de la rencontre avec l’inconnu. Que fait ce blanc qui n’est pas là pour raison humanitaire ? Bienvenu nous dit t-on de tous côté. Puis enfin dans les rues crasseuses un bar restaurant, un refuge d’artistes dans le centre ville. Des vigiles à l’entrée nous passent un détecteur de métal. Car ici les armes à feu prolifèrent. Le centre ville depuis le tremblement de terre n’est plus le centre d'animation. C’est Pétion ville sur les hauteurs (7km du centre) qui a vu éclore les belles demeures, les commerces à l’occidentale et autres espaces de consommation. Dans ce lieu du centre, les premières rencontres sont savoureuses, le jus de "grenadia" tout aussi. Un dj se met en place pour la soirée. Les discours, le breuvage des mots, entrent dans une poétique naturelle. Les haïtiens sont informés de tout ce qui se passe dans le monde et analysent la situation avec délectation. Le débat sur la corruption dans le pays est sur toutes les ondes. Tout haïtien sait combien sont vénaux les hommes au pouvoir et ils ne se privent pas de commentaires sarcastiques. Leur curiosité est telle qu’ils veulent savoir ce qui se passe en Catalogne. Pourquoi les Catalans comme eux (dans le passé) n’auraient-ils pas droit à l’indépendance ? « -Mais bien sûr qu’ils y parviendront ! » IL y a dans leur main en permanence un téléphone et des infos qui circulent. Et de toute part fuse une musique à décibels impressionnants sur le rythme du Kompa. C’est le nom de ce méringué plus lent ou mesuré qui est fait pour la danse. Une danse très collé-serré où le saxophone, le trombone, la trompette se mêlent au créole savoureux poly-rythmé. Car le Kompa n’est qu’une des composantes de cette musique dans ce pays. Et nous sommes là pour les savourer avec délectation. Sans tarder, l’on nous cite un rappeur très respecté ici et ailleurs qui a pour nom BIC. Auteur compositeur talentueux, ancien prof d'anglais ce poète hors norme mêle créole & interrogations de la société haïtienne avec un amour intarissable pour sa terre. Puis d'autres noms fusent, des écrivains très nombreux, peintres, cinéastes, slameurs, sculptpeurs : Rachèle Magloire, Béo, Jean Hérard Celeur, Fred Brutus, Jacques Adler Jean-Pierre, Josué Azor, André Eugène, Raoul Peck, Gary Vicor, Franketienne, etc. Mais la journée à été longue et demain nous allons à la rencontre des artistes récupérateurs sur Grand rue. Et ensuite de nombreux autres personnages dans divers domaines. Suivez notre périple. La topographie de la ville nous est encore d'un grand mystère. Où est notre hôtel ? La nuit tombe et les rues sont noires, coupure d'électricité dans tout le quartier et une grande partie de la capitale. Hélios Molina pour www.micmag.net A lire aussi nos autres reportages su Haïti: Rachèle Magloire, documentariste engagée Reginald Sénatus, jeune artiste résistant qui ne mâche pas se mots ! Périple au coeur de la première république noire En Haïti la poésie est un art vivant Série de portraits : Josué Azor le photographe de l'underground gay de Port-au-Prince Et bien d'autres à venir Remerciements : Cette série de reportages en Haïti s’est construite grâce à l’aide et les conseils de Philippe Bourgain d’Air Caraïbes – Olivier Beytout (photographe Paris) – Corentin Fohlen (grand reporter photographe Paris) – Dany Laferrière (académie française, écrivain) – Valérie Duponchelle journaliste au Figaro- Manu Bayle (Brésil)-Michel Joseph (journaliste radio Port au Prince) Michel Chancy (vétérinaire Haïti)- André Eugène (artiste Port au Prince) – Pascale Monin (galeriste Haïti) Patrick Delatour (ancien ministre Haïti) Madjolah Pierre (journaliste Port au Prince) Cécile Berut (chef de projets Port au Prince) – Sénatus Reginald (artiste Port au Prince)- Théline Cornéus à Saint Marc (Haïti) -Johny Iris de Miragoâne - Gracieuse Paget-Blanc psychologue à Paris - (Haïti) -Aimable &Yanick Lamar à Paris. 1 2 3 4 5 6 |
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